Redon Archives - Mes attaches invisibles https://www.alexandrastrauss.fr/category/redon/ Le site d'Alexandra Strauss Wed, 11 Jul 2018 16:19:23 +0000 fr-FR hourly 1 https://www.alexandrastrauss.fr/wp-content/uploads/2020/09/favicon-32x32-1.png Redon Archives - Mes attaches invisibles https://www.alexandrastrauss.fr/category/redon/ 32 32 Vivre d’extase de calme et d’art https://www.alexandrastrauss.fr/vivre-d-extase-de-calme-et-d-art/ https://www.alexandrastrauss.fr/vivre-d-extase-de-calme-et-d-art/#comments Thu, 26 May 2016 20:28:38 +0000 http://www.alexandrastrauss.fr/?p=1137 J’en reviens toujours à cette question: à quoi sert l’art dans nos vies ? Que nous apportent la musique, le face à face avec un tableau, la lecture, dans ce monde où l’on court, travaille, nous hâtons à chaque instant, sans cesse interpellés par la marche du monde, l’agressivité médiatique, les images, les sons, les […]

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Odilon REDONJ’en reviens toujours à cette question: à quoi sert l’art dans nos vies ?

Que nous apportent la musique, le face à face avec un tableau, la lecture, dans ce monde où l’on court, travaille, nous hâtons à chaque instant, sans cesse interpellés par la marche du monde, l’agressivité médiatique, les images, les sons, les mots, qui jamais n’arrêtent de défiler ?

Lire. Rester longuement face à une image. Ecouter une musique sans faire autre chose en même temps. Qui en prend encore vraiment le temps? Qui réussit à s’asseoir, à s’abstraire du flux incessant des données numériques, de l’autopromotion, des tentatives de dire »j’existe » dans la ronde du monde ? Et pourtant, si je prends la décision de m’asseoir, de briser la course, je retrouve l’intensité du présent, et soudain je n’ai jamais été aussi vivante qu’en le percevant. Ainsi, la lecture me fait prendre conscience du bruit des feuilles secouées par la brise, de voix d’enfants quelque part dans le voisinage, de l’odeur du chèvrefeuille qui s’enroule autour de la grille de la cour, de mon corps comme lieu de ces sensations. Puis je n’entends plus rien, je ne sens plus rien, un livre m’a emportée: je suis partie en Allemagne à la poursuite d’un physicien et de son principe d’incertitude, dans les années 1930, je le suis, subissant et cautionnant le régime nazi, je travaille en vain à fabriquer un réacteur nucléaire, je ressens son impuissance face au monde, mais aussi ses brefs instants d’illumination. (1) Ou bien, je partage le quotidien d’une famille qui semble modèle, les souffrances qui accompagnent les secrets, les ressorts du pouvoir et de la lâcheté qui sous-tendent son fonctionnement, ce sont les années 70, puis 80, c’est proche et loin de moi tout à la fois, c’est un récit à la première personne, je ne peux plus le lâcher… (2).

Quand je relève les yeux, du temps a passé, je ne saurais dire combien, mais le monde n’a pas basculé en mon absence de lui. Et je pense à Jorge Semprun qui, dans les camps, s’échappait quelques instants, reprenait force en se récitant des vers. Je devrais apprendre de la poésie, m’approprier les mots des poètes afin de les digérer lentement par le plaisir de leurs sonorités sous mon palais. Et voilà que débarque dans ce bref texte le principe du plaisir, celui qui je crois nous envahit lorsque nous arrêtons le flux du temps l’instant d’une réflexion, d’une sensation analysée, ou juste léchée comme une glace. Oui, nous ne lisons plus, ou tellement moins, car nous peinons à nous asseoir, à poser méditativement notre pensée, non dans le flux, mais dans l’instant, nous renâclons désormais à lâcher tout d’un coup, comme lors de ces moments où l’on dessine sur le sable, ou ceux où l’on chante pour un enfant qui s’endort. Et j’en arrive avec tout cela à la conclusion que le plaisir vient de l’échange, de la rencontre entre une proposition artistique et une histoire personnelle, un souvenir, une thématique, un non-dit profond qui soudain émerge avec les sons, les couleurs, les formes, les sujets, apportés par une œuvre, et qui n’apporte pas une réponse, mais la possibilité d’une évolution, ou l’évolution des pensées, ou l’affirmation d’autres. J’aime, par exemple, follement, l’œuvre de Paul Gauguin, il touche en moi le rêve d’un mode de vie autre que celui que nous propose notre société occidentale, la possibilité de « vivre d’extase, de calme et d’art » (3).

D'où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? 1897 Musée des beaux-arts de Boston, Boston (États-Unis)

D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? 1897
Musée des beaux-arts de Boston, Boston (États-Unis)

Et Odilon Redon. Redon, qui est pour moi le modèle d’une vie fondée sur l’amour des arts, l’artiste qui a transfiguré ses souffrances dans les noirs, et a appris l’abandon, la délivrance, le détachement en s’ouvrant à la couleur et à ce qu’elle lui apportait de beautés et de légèretés. Ecrire sur le malheur comme Ferrari ou de Vigan permet de s’en détacher et peut-être d’aider d’autres à se détacher, peindre des noirs est une étape vers la couleur et ses grâces. C’est pourquoi je suis revenue vers Redon à la demande des éditions Delpire, et ce très beau Poche Illustrateur me permet de livrer un choix de ses œuvres et une préface qui sont pour moi un véritable prolongement de mon roman sur la vie de Redon Les Attaches Invisibles, et aussi la possibilité de le faire connaître au plus grand nombre, de partager la joie que me donne son travail, son itinéraire, son exemple.

dos Poche Illustrateur

 

  • 1, Le Principe, de Jérôme Ferrari
  • 2, Rien ne s’oppose à la nuit, de Delphine de Vigan
  • 3, extrait d’une lettre de Paul Gauguin à sa femme vers 1890

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Le vertige Sade au musée d’Orsay https://www.alexandrastrauss.fr/le-vertige-sade/ https://www.alexandrastrauss.fr/le-vertige-sade/#comments Wed, 15 Oct 2014 19:46:54 +0000 http://www.alexandrastrauss.fr/?p=991 Libertinage, Sade, sadiser, sadisme, une vie aventureuse façon Casanova, la Bastille, les évasions, les fêtes galantes, la Révolution Française, Juliette et Justine… Des mots, des images, des clichés. Mais, non, je ne connaissais rien à la pensée de Sade en arrivant au Musée d’Orsay. J’y allais parce que je suis plongée dans l’univers des surréalistes […]

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Photographie sans titre, Dora Maar, 1940 SFMOMA

Libertinage, Sade, sadiser, sadisme, une vie aventureuse façon Casanova, la Bastille, les évasions, les fêtes galantes, la Révolution Française, Juliette et Justine… Des mots, des images, des clichés. Mais, non, je ne connaissais rien à la pensée de Sade en arrivant au Musée d’Orsay. J’y allais parce que je suis plongée dans l’univers des surréalistes ces temps-ci, et que Sade est une de leur référence essentielle, avec Lautréamont. Et aussi parce que je me doutais bien qu’Odilon Redon allait être représenté, avec certaines de ses Tentations de Saint Antoine et tous ses dessins qui effleurent le rêve, les peurs, les fantasmes. Et puis quelle belle idée d’exposition que de partir d’un écrivain pour construire un univers pictural qui traverse les siècles et montrer ses influences. Car il en a beaucoup dans le domaine des arts plastiques, des influences.

Alors, bon, ça commence bien, avec des écrans sur lesquels sont projetés des extraits de films. Ca me prend par les sentiments, le cinéma. Le visage tourmenté d’Ingrid Bergman dans Docteur Jekyll et Mister Hyde, la beauté lumineuse des jeunes hommes dans Salo ou les 120 journées de Sodome de Pasolini, le vertige de la femme en haut du clocher dans La vie criminelle d’Archibald de la Cruz, la caméra tueuse du Voyeur de M. Powell. Les surréalistes, les voilà déjà avec deux Bunuel (La vie criminelle…et l’Age d’or) et proches avec Franju Les yeux sans visage.

Mais finalement, dans cette énorme exposition, où les dessins académiques côtoient les photomontages, les peintures, les sculptures et des extraits de textes, le plus merveilleux va être la rencontre avec les idées de Sade, tellement modernes. Et je comprends enfin, moi qui hante l’esprit surréaliste en tentant d’y pénétrer par l’intérieur (par le roman bien sûr) pourquoi les surréalistes ont tant estimé le marquis. Eux qui critiquaient l’état et la notion même de loi, qui avaient vécu adolescents la guerre de 14 et y avaient perdu toutes leurs illusions sur la civilisation occidentale, voici une pensée qui leur apporte une grille de lecture pour comprendre le monde. Pour ces jeunes gens révoltés contre le pouvoir de l’état, de l’église et des valeurs bourgeoises issues du siècle précédent, Sade montre la voie quand il écrit que l’état n’est qu’une façon déguisée de légaliser la violence. Qu’est ce que la guerre en effet sinon le lieu où tuer est autorisé ? Qu’est ce que l’éducation si ce n’est la possibilité de punir: allez, la fessée, le martinet, la prison, la torture, la peine capitale qui est pour Sade une horreur, une inhumanité.

Les voleurs font en tuant pour voler moins de mal que les généraux des armées qui détruisent les nations seulement par orgueil.

On ose déclamer contre les passions, on ose les enchaîner par des lois, mais que l’on compare les unes et les autres, et que l’on voie qui, des passions ou des lois, ont fait le plus de bien aux hommes.

Sade pour les surréalistes est aussi celui qui a travaillé dans les asiles de fous, celui qui a écrit que la majeure partie de la vie se déroule dans l’imaginaire. C’est aussi ce constat que tout acte humain est d’ordre sexuel, que toute la civilisation repose sur les désirs, les fantasmes, et les assouvissements de l’énergie sexuelle. Dans l’exposition, on trouve de tout, un bric à brac effarant et passionnant qui nous emmène du 15ème siècle (ah, une toute petite allégorie au crayon de Pisanello sur la Luxure) au 20ème siècle à travers toutes les représentations de viols, d’enlèvements (Sabines, Europe…), les décapitations (Judith), les tortures (les saints coupés, écartelés…), les punitions, la représentation humoristique ou crue du sexe. Sade écrit que l’homme tire un plaisir immense du spectacle de la souffrance d’autrui, ce qui explique son comportement historique. D’où ces images de la vie des saints, ces scènes de meurtres antiques, ces femmes lascives que l’on punit, les foules agglutinées au pied des potences et des guillotines, le succès des histoires policières…

On ne déambulera pas dans cette exposition pour voir du beau, se ressourcer calmement, non. Pourtant on en verra avec des aquarelles de Rodin, des oeuvres de Gustave Moreau, Kubin, Degas, Füesli, la puissante représentation de La Guerre par Henri Rousseau. On va surtout se laisser entraîner dans l’humour dévastateur des feuillets érotiques du 18ème siècle, des dessins de Daumier, ceux de Goya. On va aussi grimacer de dégoût devant certains montages de Hans Bellmer, certaines planches d’anatomie très crues. On se plongera dans une ambiance et on réfléchira devant ces oeuvres choisies pour exprimer la pensée de Sade qui se déroule comme le serpent insinuant son poison.

Je me demande maintenant si elle est bien juste la loi qui ordonne à celui qui n’a rien de respecter celui qui a tout.

Quelle modernité !

Quant aux surréalistes, oui, il y en a, et pas qu’un peu, avec des photos de Man Ray, de Dora Maar, des dessins et peintures de Max Ernst, André Masson,  Dali, Picabia, Ubac, Duchamp, Bellmer…

Quelle puissance, et moi qui croyait que Sade ne parlait que de coucheries libertines.

Hans Bellmer

L’expo se termine quand vous êtes à bout sur l’immense et magnifique Dune de sable de Bacon qui fait face à La Coquille d’Odilon Redon… Tout se conclut. Ah, courez.

… Ainsi je voudrais, une nuit,
Quand l’heure des voluptés sonne,
Vers les trésors de ta personne,
Comme un lâche, ramper sans bruit,

Pour châtier ta chair joyeuse,
Pour meurtrir ton sein pardonné,
Et faire à ton flanc étonné
Une blessure large et creuse,

Et, vertigineuse douceur!
À travers ces lèvres nouvelles,
Plus éclatantes et plus belles,
T’infuser mon venin, ma soeur!

Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal

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Les archives du rêve https://www.alexandrastrauss.fr/les-archives-du-reve/ https://www.alexandrastrauss.fr/les-archives-du-reve/#respond Wed, 16 Apr 2014 18:37:35 +0000 http://www.alexandrastrauss.fr/?p=926 A ceux qui réussiraient à quitter la chaleur du soleil printanier et la contemplation des fleurs des marronniers pour l’ombre d’un musée, l’exposition Les archives du rêve présentée à l’Orangerie de Paris propose jusque fin juin 160 dessins issus des collections d’Orsay. On entre de plain-pied dans l’ombre avec ce choix de très beaux crayons, […]

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Digue la nuit, L. Spillaert
lavis d’encre et aquarelle sur papier, 1908, musée d’Orsay Paris

A ceux qui réussiraient à quitter la chaleur du soleil printanier et la contemplation des fleurs des marronniers pour l’ombre d’un musée, l’exposition Les archives du rêve présentée à l’Orangerie de Paris propose jusque fin juin 160 dessins issus des collections d’Orsay. On entre de plain-pied dans l’ombre avec ce choix de très beaux crayons, encres, pastels et gouaches, tout un univers en noir et en blanc qui ont peut-être en commun ce projet de C.D. Friedrich: «ferme l’oeil de ton corps afin de voir… par l’oeil de l’esprit.» Projet que déclinait aussi Odilon Redon représenté dans l’exposition par une salle de 11 œuvres, plus une autre exposée plus loin, parmi lesquels – si vous ne les avez jamais vus «en vrai» – des merveilles comme L’oeil au Pavot ou L’araignée souriante.

Dans Les attaches invisibles, j’avais inventé une histoire autour de cet Oeil au Pavot: «Cet été-là, il trace une autre ouverture suggérant une fenêtre. Cette fois, c’est un simple rectangle dans lequel se découpe un oeil extrait d’un visage invisible dont le sourcil est surmonté d’une petit fleur qui semble piquante comme un chardon. Odilon ne saurait expliquer ni l’oeil flottant, ni la fleur, mais il se souvient du moment où il a commencé à les dessiner, par une après-midi plus chaude que les autres. Ils avaient fait la sieste dans la grande chambre, Camille et lui. S’éveillant, il avait aperçu par la fenêtre restée ouverte un nuage percé d’un oeil qui les fixait, espion sans doute de leur intimité, mais bienveillant. Il s’était levé et avait commencé à dessiner cet oeil entre deux pans de mur. Quand Camille s’était réveillée, il avait les doigts noirs à force de frotter la matière charbonneuse, de l’estomper, gommer, gratter. Camille, décoiffée, en chemise et baillant largement, avait seulement dit: «as-tu mis du pavot dans mon thé tout à l’heure ? J’ai terriblement bien dormi.»

Me voici donc de retour dans l’univers de Redon, ainsi que celui des symbolistes bien représentés eux aussi dans l’exposition avec Gustave Moreau, que Redon admirait, et un certain nombre d’artistes anglais ou belges comme Félicien Rops, Jan Toorop, Léon Spillaert, Fernand Knopff… Comme je m’y sens chez moi ! Toute la vie semble-t-il, l’on est attiré par les mêmes choses, les mêmes thèmes, certaines œuvres, comme si se nourrir d’elles permettait d’approcher du mystère que chacun porte en soi, comme si l’on tournait obstinément autour de vérités invisibles, mais pressenties. L’exposition évoquée ici propose un certain nombre d’oeuvres qui touchent à ce moment qui me fascine tant, celui de la création, cet élan vers l’expression de la vision intérieure dont les sources me fascinent, thèmes que j’explore aussi bien dans Les Attaches invisibles que dans Les Démons de Jérôme Bosch.

L’on pourra admirer des dessins exprimant le miracle de l’instant capté et restitué par l’artiste, autre sujet que j’explore comme une maniaque, que cet instant soit restitué par une «façon» réaliste, geste d’une femme se coiffant (Degas), mystère d’une femme voilée aperçue dans la rue (Seurat), embrasure de fenêtre donnant sur un jardin (Lebrun), autoportraits sans concession (Baudelaire, Fantin-Latour) ou plus oniriques comme avec les symbolistes et certains romantiques.

Pour tout dire, l’expo un peu bric à brac m’a fait penser à la salle d’un hôtel de vente, le classement par thèmes autour du «rêve»» invoqué est plutôt artificiel, mais qu’importe, la qualité des oeuvres choisies vaut le déplacement et la vision du grain du papier sous le gras du crayon pourra peut-être vous transporter dans cet état d’euphorie légère que donne la fréquentation de la beauté et vous ressortirez à la lumière vacillants, pour bâtir par vous-même de féériques palais

II est doux, à travers les brumes, de voir naître

L’étoile dans l’azur, la lampe à la fenêtre

Les fleuves de charbon monter au firmament

Et la lune verser son pâle enchantement.

Je verrai les printemps, les étés, les automnes;

Et quand viendra l’hiver aux neiges monotones,

Je fermerai partout portières et volets

Pour bâtir dans la nuit mes féeriques palais….

extrait de Paysage, Les Fleurs du mal, Charles Baudelaire

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Baudelaire, Poe, Mallarmé, Flaubert: interprétations par Odilon Redon https://www.alexandrastrauss.fr/autour-d-odilon-redon/ https://www.alexandrastrauss.fr/autour-d-odilon-redon/#comments Sat, 06 Apr 2013 09:47:34 +0000 http://www.alexandrastrauss.fr/?p=408 A l’occasion de la rétrospective de l’œuvre de Redon au Grand Palais à Paris en 2011, j’ai publié ce recueil qui rassemble des textes de Baudelaire, Poe, Mallarmé et Flaubert et de très belles reproductions d’oeuvres de Redon. Odilon Redon s’est toujours défendu de faire de l’illustration. Pour lui, la littérature comme la musique, ou […]

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interpretation-redon-uneA l’occasion de la rétrospective de l’œuvre de Redon au Grand Palais à Paris en 2011, j’ai publié ce recueil qui rassemble des textes de Baudelaire, Poe, Mallarmé et Flaubert et de très belles reproductions d’oeuvres de Redon.

Odilon Redon s’est toujours défendu de faire de l’illustration. Pour lui, la littérature comme la musique, ou la peinture, font jaillir des émotions qui sont à l’origine de nouvelles oeuvres. Aussi, je me suis régalée à chercher dans son travail les traces de textes dont il serait parti pour engendrer ses oeuvres à lui…  A la recherche de ses sources inspirantes, j’ai remarqué que ce n’était parfois qu’un vers, un titre ou une image poétique qui amenait Redon à créer une nouvelle image personnelle. Ce travail de mise à nu de filiations m’a permis relire pour mon plus grand plaisir Les fleurs du mal et les Curiosités Esthétiques de Baudelaire, les Histoires extraordinaires d’Edgar Poe, la Tentation de saint Antoine de Flaubert et de découvrir la poésie de Mallarmé dont Redon fut un ami intime.

Le recueil Interprétations se présente donc comme une promenade au coeur de la création. Pour préserver l’unité du recueil, je m’en suis tenue à ces quatres auteurs du 19ème siècle, mais j’aurais pu tout aussi bien chercher chez Redon les traces de Shakespeare, de Wagner, de Blaise Pascal ou de Delacroix…

liens:

http://jmdinh.net/objet/alexandra-strauss

separator

nouvelles-fanstastiques-pageParallèlement à ce recueil, la RMN a publié les nouvelles de jeunesse écrites par Redon que j’ai introduites et confrontées à sa biographie et qui se présente comme un complément de mon travail sur les influences biographiques sur une oeuvre picturale. Là encore, j’ai tenté le rapprochement entre les images générées par ses nouvelles et certaines de ses gravures.

 

 

 

 

 

 

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Les attaches invisibles https://www.alexandrastrauss.fr/les-attaches-invisibles/ https://www.alexandrastrauss.fr/les-attaches-invisibles/#comments Sun, 24 Mar 2013 17:28:38 +0000 http://www.alexandrastrauss.fr/?p=141 Odilon Redon, c’était un ensemble d’images qui m’accompagnaient depuis l’enfance: coquillage nacré des mers du sud, Bouddha serein, papillons translucides, profils de médaille transfigurés par des lumières intérieures et se détachant sur des fleurs étranges, douces et vénéneuses à la fois. Peintre ayant vécu entre le 19e siècle et le 20ème, Odilon Redon aimait plus […]

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Odilon Redon, c’était un ensemble d’images qui m’accompagnaient depuis l’enfance: coquillage nacré des mers du sud, Bouddha serein, papillons translucides, profils de médaille transfigurés par des lumières intérieures et se détachant sur des fleurs étranges, douces et vénéneuses à la fois. Peintre ayant vécu entre le 19e siècle et le 20ème, Odilon Redon aimait plus que tout la littérature et surtout Baudelaire. Contemporain de Paul Gauguin et du poète Mallarmé dont il fut l’ami, il se posa toute sa vie en décalage avec les goûts de son époque pour le réalisme ou l’impressionnisme.

A l’origine, inspirée par ces images et les tableaux admirés au Musée d’Orsay, j’avais écrit une nouvelle qui racontait comment un enfant triste se rêvait volant parmi un troupeau d’oies au-dessus de sa terre natale. Onirisme, histoire d’enfance et de fuite dans l’imaginaire, réinvention du monde quotidien. Parmi les thèmes qui y étaient évoqués et que j’ai repris dans le roman, on pouvait y trouver l’atmosphère de l’une de ces vieilles maisons à la campagne, la solitude quand les parents vous y laissent l’été pour vaquer à leurs affaires «sérieuses», l’attachement douloureux qu’on peut porter à un lieu d’enfance.

Quel rapport avec Odilon Redon, le peintre dit « symboliste » ? Réponses dans Les attaches invisibles qui est ce travail romanesque sur les origines d’un destin artistique, la difficulté d’être de son époque, l’apprentissage de la liberté, le détachement. Avec, comme je l’avais fait pour Jérôme Bosch, un point de vue qui se veut « de l’intérieur ». Dans un contexte qui n’est plus le Moyen-âge où l’artiste souvent héritait d’une tradition familiale, le cas Redon pose la question du: pourquoi devient-on artiste ? Quels évènements de l’enfance peuvent-ils faire naître un tempérament artistique, c’est à dire un être qui va avoir besoin d’exprimer sa vision de lui-même et du monde, d’exposer ses croyances et ses rêves au jugement des autres pour mieux les comprendre, pour mieux vivre, ou parfois juste pour survivre ? C’est l’histoire de rencontres et d’influences car l’artiste est cette matière souple et fragile qui se nourrit de ce qu’il aime, digère et produit une matière neuve qui le reflète, lui et son temps.

Or l’évolution du travail d’Odilon Redon au cours de sa vie est des plus étonnantes. Redon est un artiste qui n’a longtemps dessiné que des monstres et des visions sinistres mais qui, peu à peu, est devenu un peintre de lumières, de couleurs et de fleurs. Et cela, passé l’âge de quarante ans.

Ce miracle me touchait profondément. N’est-ce pas un chemin idéal que d’apprendre à s’affranchir des douleurs, couper les ponts avec les ressentiments pour atteindre la sérénité ? Cette trajectoire, j’ai voulu la comprendre, et la refaire avec lui.

Le roman, avec sa couverture aux papillons qui s’élèvent vers l’azur, est sorti en mars 2011.

 

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